Débat inédit à l’Assemblée nationale sur la chasse aux trophées ouvre la voie à une proposition du Sénat visant à mettre fin aux importations de trophées de chasse

Le débat à l'Assemblée sur l'interdiction des importations de trophées de chasse coïncide avec une nouvelle proposition de loi de la sénatrice Céline Boulay-Espéronnier, soutenue par 91% des Français

Humane Society International


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PARIS—Hier, l’Assemblée a adopté à une écrasante majorité (113 voix pour, 1 voix contre) un amendement visant à mieux lutter contre l’importation en France de trophées de chasse de certaines espèces animales menacées. Ce vote important coïncide avec la récente proposition de loi présentée par la sénatrice Céline Boulay-Espéronnier le 23 mai dernier, qui marque la première fois qu’une telle interdiction est défendue par des personnalités politiques au niveau législatif en France. Selon un sondage Ifop1 commandé par HSI/Europe, cette proposition déposée au Sénat est également soutenue par la très grande majorité des citoyens français puisque 91% se déclarent en faveur d’une interdiction d’importation de trophées d’espèces menacées, notamment l’éléphant d’Afrique, la girafe et l’ours polaire

Le sous-amendement proposé par la députée Sandra Regol, groupe écologiste – NUPES, stipule que  « La pratique du tourisme cynégétique, lorsqu’elle contribue à mettre en danger des espèces, porte atteinte à la biodiversité. Elle a pourtant cours dans de nombreux pays, qu’il s’agisse de l’Afrique du Sud, du Mozambique ou du Canada, et au moins 200 000 trophées de chasse issus de 451 espèces menacées d’extinction auraient été importés dans le monde entre 2005 et 2015. Il s’agit donc de lutter contre ce phénomène, ce qui répond à la fois à une attente forte de la population française et à une nécessité écologique. »

La France a déjà pris des mesures pour protéger les lions de la chasse aux trophées, suite au scandale de la mort du lion Cecil en 2015.  Mais ces initiatives récentes sont synonymes d’un regain d’espoir pour les éléphants, les léopards ou encore les guépards qui sont victimes de la chasse légale et importés comme trophées en France. Plusieurs des espèces ciblées par la proposition de loi, dont l’éléphant d’Afrique, le léopard, l’hippopotame et le guépard, sont au bord de l’extinction. La France est par ailleurs la première destination au sein de l’Union européenne pour les trophées de léopards, exacerbant donc une situation déjà critique pour cette espèce menacée d’extinction.

Humane Society International/Europe et Convergence Animaux Politique félicitent Mme Sandra Regol pour son engagement et pour avoir défendu le projet de loi par le biais de ce sous-amendement visant à lutter contre les effets néfastes de la chasse aux trophées sur les espèces menacées et vulnérables en sécurisant et en élargissant le recours à la procédure d’enquête dite du « coup d’achat ». Le groupe écologiste – NUPES soutient pleinement ce sous-amendement.

Milton Federici, responsable des affaires publiques de Convergence Animaux Politique, explique l’importance de ce vote: ” cet amendement est une première victoire, car il donne aux agents de douane la capacité d’acquérir des trophées pour mettre en évidence l’infraction que constitue leur importation. Si l’interdiction d’importation ne concerne aujourd’hui que les trophées de lions, le vote de l’Assemblée montre que la classe politique est prête à aller plus loin sur ce sujet, ce qui constitue une avancée décisive vers l’interdiction d’importation de trophées de chasse d’autres espèces menacées.”.

Capucine Meyer, consultante HSI/Europe pour la campagne sur la chasse aux trophées en France, déclare : « Le soutien massif à cet amendement montre que les politiques s’accordent avec les 91% de citoyens français qui soutiennent la proposition d’interdiction d’importation de trophées de chasse d’espèces protégées. C’est un signal clair qu’il n’y a pas de temps à perdre pour étendre le niveau de protection accordé au lion. De nombreuses autres espèces ciblées par l’industrie de la chasse aux trophées sont menacées d’extinction et ont un besoin urgent qu’une telle interdiction soit adoptée. »

L’initiative de la France s’inscrit dans la lignée des efforts déployés par d’autres États membres pour renforcer la protection des espèces sauvages menacées par la chasse aux trophées. Des pays tels que les Pays-Bas (2016) et la Finlande (2022) ont déjà décidé d’aller au-delà des recommandations de la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction) et mis en œuvre des mesures plus contraignantes pour la protection des certaines espèces. La Belgique, la Pologne, l’Italie et le Royaume-Uni font partie des pays européens qui sont en train d’adopter une législation similaire.  L’UE doit prendre des mesures immédiates, en ligne avec la volonté d’une grande majorité de citoyens d’interdire les importations de trophées de chasse, appliquant ainsi le principe de précaution en matière de protection des espèces.

Capucine Meyer, consultante HSI/Europe pour la campagne sur la chasse aux trophées en France, déclare: “L’engagement de la classe politique française à interdire l’importation de trophées de chasse d’espèces menacées envoie un message fort, et souligne la nécessité d’une action mondiale pour préserver la faune sauvage irremplaçable de notre planète. Alors que le projet de loi progresse dans les procédures législatives, la France se positionne à l’avant-garde de la lutte contre la chasse aux trophées, notamment grâce à l’initiative de la sénatrice Céline Boulay-Espéronnier, saluée par Humane Society International. »

En bref :

  • La chasse aux trophées représente une grande menace pour la biodiversité et la stabilité des écosystèmes. Cette pratique consiste à tuer des animaux sauvages dans le seul but d’exhiber leur tête, leur peau ou d’autres parties de leur corps comme des trophées, perpétuant ainsi une forme de glorification des chasseurs. Cette activité très coûteuse et néfaste agit comme un accélérateur du déclin des espèces, en mettant en péril leur survie et en perturbant profondément les écosystèmes.
  • Contrairement à certaines affirmations selon lesquelles la chasse aux trophées bénéficierait aux communautés locales, des études révèlent que seuls 3 % des revenus générés par cette activité leur parviennent. Parallèlement, celle-ci empêche les habitants de mettre en place de véritables programmes de conservation et de bénéficier des avantages économiques liés au développement d’un écotourisme durable, générateur de nombreux emplois et bénéfique pour la sauvegarde des espèces et de la biodiversité.

Notes à l’éditeur:

1 Sondage Ifop pour HSI/Europe réalisé par questionnaire auto-administré en ligne du 13 au 14 juin 2023 auprès d’un échantillon de 1 003 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

FIN

Contact presse: Cassie Bodin-Duval, coordinateur.ice international relations médias; cbodinduval@hsi.org

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